Rentrée judiciaire, une justice au bord du naufrage !
À l’occasion de la rentrée judiciaire à Liège, le procureur général Pierre Vanderheyden a dressé un état des lieux chiffré de la justice dans le ressort de Liège. Le constat est sans appel, il est plus en plus difficile de maintenir la bateau à flot.
« Le Radeau de la Méduse », c’est ainsi que le procureur général décrit l’état actuel de la justice. Une justice dépourvue de moyens et d’investissements. Rien que pour le ressort de Liège, il manque pas moins de 82 magistrats. De manière générale, l’ensemble de la juridiction est en difficulté. Seuls la Cour du travail et le tribunal de l’entreprise parviennent encore à maintenir un arriéré dans des proportions raisonnables. Un point positif toutefois à Liège, le taux de réponse pénale est le meilleur du pays, mais il devient de plus en plus difficile de maintenir le bateau à flot. « On a vraiment un problème structurel de financement de la justice à tous les niveaux, pour permettre que la fonction de magistrat soit attrayante. On a entendu qu’à Eupen, le tribunal d’Eupen ne fonctionne que parce que des magistrats ayant atteint l’âge de la retraite acceptent de continuer à travailler. Sinon, il n’y a tout simplement plus moyen de faire survivre un tribunal » explique Jean-Baptiste Andries, le porte-parole du parquet général de Liège.
Le sous-financement chronique de la justice a bien sûr des conséquences directes pour les justiciables. Les délais de traitement des dossiers peuvent en effet devenir extrêmement préjudiciables. « Je peux vous parler, par exemple, d’un dossier en matière d’assurance où, à la suite d’un incendie, des personnes ont perdu l’intégralité de leurs biens. Elles assignent en justice parce qu’il y a un contentieux avec leur assureur. Il est impossible de savoir, à l’heure actuelle, quand le jugement probablement en prévoyant leur indemnisation sera rendu. Donc, pour la vie très concrète des justiciables, des délais qui s’allongent et une justice sous-financée, il est certain que ça a des effets » explique Maître Sébastien Olivier, bâtonnier de l’Ordre Liège-Huy.
C’est le substitut général Mathieu Simon qui a prononcé la mercuriale de cette rentrée 2025, centrée sur la lutte contre la traite des êtres humains, un domaine dans lequel la Belgique fait figure de modèle.